Utopia 56 : la mobilisation citoyenne pour les personnes exilées.


DAPAT a interviewé Utopia 56, une association qui accompagne les femmes exilées. Photo (c) Pablo Gubitsch

Présentation de l'association

Utopia 56

Localisation : Paris (75), Calais (62), Dijon (21), Grande-Synthe (59), Lille (59), Rennes (35), Tours (37), Toulouse (31).

Catégorie : Accompagnement de femmes exilées.

Date de création : 2015

Site internet : Utopia 56

Utopia 56 est une association de mobilisation citoyenne qui vient en soutien aux personnes exilées et sans-abri de manière inconditionnelle, et ce, dans 8 villes en France : Calais, Dijon, Grande-Synthe, Lille, Paris, Rennes, Toulouse et Tours.  Nos actions sont diverses et s’adaptent aux besoins des personnes que nous rencontrons : maraude d’information et d’orientation, maraude de distribution de matériel et de nourriture, suivi et accompagnement social, médical, administratif et juridique, mise à l’abri grâce à un réseau d’hébergeur.se.s solidaires pour les plus vulnérables (femmes seules et familles) et hébergement long terme pour les mineur.e.s non accompagné.e.s en recours. 

Photos (c) Pablo Gubitsch

3 questions à Utopia56

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

Utopia 56 a été créée fin 2015 par des Bretons et Bretonnes qui s’étaient rendu.e.s dans ce qu’on appelait alors “La Jungle de Calais” et avaient constaté un important manque de bénévoles, notamment français.e.s. Mettant à profit leurs expériences dans la gestion logistique des festivals et de leurs campings, iels ont commencé à organiser et encadrer le bénévolat autour de missions de nettoyage du campement et d’amélioration des conditions de vie, en renfort notamment à d’autres associations présentes.

L’idée au cœur d’Utopia 56 est de pouvoir donner l'opportunité à toute personne qui souhaiterait s’engager en soutien aux personnes exilées et sans-abri, de le faire, et ce, sans pré-requis minimum de compétences, de connaissances ou de disponibilités. Il s’agit de montrer que chaque citoyen.ne a aussi un rôle à jouer, a du poids et une voix. En montrant que l’engagement est accessible à tou.te.s, nous souhaitons sensibiliser le plus grand nombre aux réalités que connaissent les personnes exilées et celles contraintes de vivre dans la rue, tout en créant une communauté autour de l’entraide et d’un accueil digne et solidaire.

  •  Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Utopia 56 s’est développée rapidement ces dernières années, tant sur le plan territorial, avec maintenant 8 antennes et 5 maisons d’accueil pour mineur.e.s non accompagné.e.s, que sur le plan humain, avec désormais 35 salarié.e.s et plus de 3 000 bénévoles. Si nous souhaitons conserver cette liberté de pouvoir répondre à l’urgence et aux besoins des personnes que nous rencontrons au quotidien, nous essayons de prendre le temps de nous structurer et de consolider nos équipes, afin notamment que ce soutien soit le plus pertinent et adapté possible.

Actuellement, nous nous employons donc à renforcer l'existant, identifiant les besoins en interne en matière de ressources humaines, d’accompagnement des équipes salariées et bénévoles, etc. Dans la plupart de nos antennes, les équipes assurent une présence continue sur le terrain avec des numéros d’urgence disponibles en permanence et des astreintes, et sont soumises à des réalités souvent très difficiles. Cela nécessite la mise en place d’un vrai travail d’accompagnement, de suivi et de prévention des risques (burn-out, traumatismes, etc.).

En parallèle, nous souhaitons développer et professionnaliser notre plaidoyer, car nous avons conscience que les changements sur le long-terme passent par là. Au quotidien, nous collectons un très grand nombre de données qui nourrissent notre communication et notre plaidoyer actuel. Nous transmettons également ces données à d’autres associations ou organisations pour la publication de rapports ou leurs plaidoyers (Médecins Sans Frontières, Fondation Abbé Pierre, etc.).

  • Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

Si les hommes sont plus nombreux à survivre dans la rue que les femmes, ils sont surtout bien plus visibles qu’elles. Les femmes sont le plus souvent invisibilisées et il est plus difficile de les identifier, et par conséquent de leur venir en aide. Elles présentent souvent des problèmes de santé plus graves et nécessitent un suivi plus important. Par exemple, beaucoup de femmes auxquelles nous venons en aide sont enceintes et sont donc particulièrement épuisées. Une majorité d’entre elles ont également été victimes de traite et/ou de violence avant leur arrivée ou pendant leur séjour en France. Nous nous appuyons alors sur des associations plus spécialisées pour accompagner ces femmes au mieux, telles que l’ADSF - Agir pour la Santé des Femmes, la Halte aux femmes battues, etc. Il faudrait davantage de dispositifs institutionnels uniquement dédiés aux femmes, car beaucoup ne se sentent pas en sécurité dans les dispositifs d’hébergement mixtes.


Si vous aussi vous voulez agir, passez à l’action aux côtés Utopia 56 ! Pour cela, vous pouvez :