Soie Rouge : la lutte contre la précarité menstruelle de façon écologique.


DAPAT a interviewé Soie Rouge, une association de lutte contre la précarité menstruelle.

Présentation de l'association

Soie Rouge

Localisation : Île-de-France

Catégorie : Lutte contre la précarité menstruelle

Date de création : 2020

Site internet : Soie Rouge

Soie Rouge est une association de lutte contre la précarité menstruelle. Elle propose à des personnes bénévoles de coudre de chez elles des serviettes hygiéniques lavables, ou de venir apprendre à en faire en atelier. Les serviettes sont ensuite redistribuées à des personnes en situation de précarité dans des refuges, centres sociaux, squats, collèges, lycées, campus étudiants, prisons et centre de rétention administratives, cantines populaires.. L'association offre également aux personnes bénéficiaires l'opportunité de coudre elles-mêmes leurs protections hygiéniques. Soie Rouge a une visée sociale mais aussi écologique, sanitaire et éducative.

3 questions à Soie Rouge

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

C’est en s’inspirant des différentes initiatives de couture de masques contre le Covid19 que l’idée est née de créer et distribuer gratuitement d’autres produits de première nécessité : des serviettes hygiéniques lavables. A la sortie du premier confinement, Soie Rouge ambitionnait d’être un maillon entre magasins ayant des chutes de tissu et bénévoles sachant coudre, puis de redistribuer les serviettes produites à des personnes en situation de précarité (dans des foyers, centres sociaux et squats, prisons, CRA et campus étudiants). Finalement, l’association a très vite mis en place des ateliers couture afin de recréer du lien social, mis à mal par la pandémie, et de permettre aux bénévoles comme aux bénéficiaires de venir apprendre à faire des serviettes.

L’enjeu de la lutte contre la précarité menstruelle étant aussi écologique, l’association s’est tournée vers le lavable, a mis en place des partenariats avec des ressourceries et organisé des collectes afin de récupérer et recycler du tissu. A cela s’ajoute des moments de sensibilisation autour des questions d’écologie, de précarité et de tabou des règles.

  •  Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Soie Rouge est une petite association d’à peine deux ans, qui s’étend particulièrement sur Paris et ses banlieues. Nous avons ainsi organisé plus de 50 ateliers au cours de l’année précédente dans différents arrondissements et établissements (recycleries, campus étudiants, foyers et centres sociaux, bars et squat). Des antennes tentent de se créer notamment en Bretagne (avec Brest et Rennes) mais nos capacités restent limitées (notamment pour l’achat de matériel permettant de mener à bien les ateliers).

Nous développons petit à petit des partenariats avec des collèges et lycées et tentons de diversifier les ateliers en abordant d’autres thèmes comme le droit à disposer de nos corps (notamment en connaissant et choisissant les produits qu’on utilise), ce qui permet aussi de parler de consentement en général.

Nous espérons aussi pouvoir développer des pôles distincts au sein de l’association pour sensibiliser plus largement (notre public reste restreint). Par exemple, nous aimerions travailler beaucoup plus sur la question des lieux de privation de liberté et de l’accès à l’hygiène dans ces endroits-là.

Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

La précarité menstruelle (difficulté́ d’accès à des protections hygiéniques par manque de moyens financiers) concerne 5 millions de personnes en France. Elle pousse ces personnes à renoncer à se procurer des serviettes pour réaliser d’autres dépenses de base comme payer le loyer ou de la nourriture.

Se passer de protections, se les faire soi-même ou les garder trop longtemps pour les économiser a pour conséquence de mettre sa santé en danger (risque de choc toxique notamment), peut provoquer l’isolement, la dépression et, chez les plus jeunes, la déscolarisation. Ainsi 130.000 adolescent.es en France manquent régulièrement l’école, faute d’accès à des serviettes ou tampons. En prison, il est courant pour les personnes menstruées de se faire des cup menstruelles avec des bouteilles en plastique, découpées puis limées contre le mur pour éviter de s’arracher les parois internes.


Si vous aussi vous voulez agir, passez à l’action aux côtés de Soie Rouge ! Pour cela, vous pouvez :

1 - Suivre Soie Rouge sur leur site internet, sur Facebook, ou sur Instagram.

2 - Devenir bénévole. Si vous souhaitez donner un coup de main en couture, de façon régulière ou ponctuelle, rendez-vous sur la page dédiée du site internet.

3 - Faire un don financier à Soie Rouge. Pour cela, RDV sur la page HelloAsso de l'associaiton.