Kipawa : la lutte contre la précarité linguistique à Marseille.


DAPAT a interviewé Kipawa, une association marseillaise qui propose une manière innovante d'apprendre la langue pour les personnes exilées.

Présentation de l'association

Kipawa

Localisation : Marseille (13)

Catégorie : Lutte contre la précarité linguistique

Site internet : Kipawa

Kipawa, est une jeune association marseillaise qui lutte contre la précarité linguistique et l’isolement social des personnes exilées par un programme d’apprentissage du français innovant. En plus des cours collectifs de français, nous proposons aux participant.e.s de réaliser des missions de bénévolat dans les associations du territoire marseillais. Ces missions sont ainsi l’occasion d’apprendre plus rapidement la langue en la pratiquant en contexte réel, de tisser des liens sociaux et de valoriser leurs compétences et savoir-faire. Particulièrement exposées à la précarité linguistique et à l’isolement social, les femmes occupent une place prépondérante dans notre dispositif.

3 questions à Kipawa

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

Kipawa est née du constat suivant :

Aujourd’hui, lorsqu’une personne exilée demande la protection internationale en France, elle entame un long cheminement marqué par l’attente et l’ennui : pas d’accès aux cours de français proposés par l’État, pas d’accès aux formations professionnalisantes et très difficilement à l’emploi. Lorsqu’elle obtient la protection internationale en France après 6 à 26 mois d’attente selon les situations, il y a urgence : trouver un emploi pour reconstruire sa vie.
Cette urgence combinée à un niveau de français encore fragile, conduit souvent à un renoncement. Celui d’un bagage pourtant précieux, avec lequel ces personnes arrivent : leurs talents, leurs compétences, leurs passions. C’est alors que s’installe souvent la précarité́ linguistique.

C’est donc pour lutter contre la précarité linguistique en permettant aux personnes exilées d’accéder à des cours de français dès leur arrivée en France, pour rompre leur isolement social et ainsi accélérer leur inclusion dans la société française que le programme Kipawa a été conçu.

  •  Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Notre objectif est de proposer 4 promotions de 12 personnes par an à Marseille et de donner une place prépondérante aux femmes encore trop souvent invisibilisées au sein de ces promotions. Ainsi que de mettre en place une garde d’enfants pendant les cours permettant de lever le frein principal de la précarité linguistique des femme. Lutter contre la fracture numérique sera également un axe de piste de développement de nos activités. A terme, le concept de Kipawa sera simple à essaimer ailleurs qu’à Marseille.

  • Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

Souvent plus isolées encore que les hommes et rencontrant de nombreux freins à l’apprentissage du français, notamment la garde des enfants en bas âge, les femmes restent souvent plus longtemps dans la précarité linguistique. Les impacts sont nombreux : sur leur employabilité, leur sociabilité donc leur confiance en soi, leur émancipation et autonomie. Ne pas maîtriser la langue les rend dépendantes dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne : démarches administratives, de santé, lien avec l’école, recherche d’emploi…


Si vous aussi vous voulez agir, passez à l’action aux côtés de Kipawa ! Pour cela, vous pouvez :