Ikambere, accompagner les femmes en précarité atteintes du VIH ou de maladies chroniques


DAPAT a interviewé Ikambere, une association qui agit depuis plus de 20 ans pour les femmes atteintes du VIH.

Présentation de l'association

Ikambere

Localisation : Île-de-France

Catégorie : Accompagnement de femmes en précarité atteintes du VIH ou de maladies chroniques

Date de création : 1997

Site internet : Ikambere

Ikambere propose un accompagnement global aux femmes vivant en situation de précarité et avec une maladie chronique (VIH, diabète, obésité, HTA). En agissant sur les déterminants sociaux de la santé, sa méthodologie favorise l’amélioration durable des conditions de vie, du bien-être et du pouvoir d’agir de ce public très vulnérable. En 2022, Ikambere a accompagné 526 femmes vers l’autonomie au sein de ses 3 centres de ressources en Ile-de-France. L’association mène aussi des actions d’aller-vers dans les territoires où elle est implantée, et propose des formations aux professionnels médico-sociaux externes.

3 questions à Ikambere

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

Bernadette Rwegera a fondé Ikambere en 1997 à partir d’un travail universitaire sur les femmes et les enfants face au VIH en Ile-de-France. Frappée par leur situation de grande précarité et d’isolement, elle a décidé de créer Ikambere avec sa raison d’être : accompagner les femmes séropositives vers l’autonomie et un meilleur bien-être, par une prise en charge qui adresse conjointement les enjeux thérapeutiques et ceux de l’insertion sociale et professionnelle.

Forte de ses 25 ans d’expériences dans le champ du VIH, l’association a ouvert en 2022 un deuxième centre de ressources – « Igikali, la Maison apaisante » – pour des femmes vivant en situation de précarité et avec un diabète, une obésité et/ou une hypertension artérielle. Le choix de ces maladies s’explique par leur corrélation avec la précarité et par les besoins exprimés par les professionnels de santé sur le terrain.

Le troisième centre de ressources d’Ikambere a été inauguré pendant la crise sanitaire du Covid-19. Dès le début de la pandémie, l’équipe a été frappée par la vulnérabilité et la souffrance accrues des femmes suivies, avec notamment une exacerbation de la précarité, de l’isolement et des violences subies. Elle a donc ouvert « la Maison reposante » en 2021 pour leur offrir des séjours « Santé, bien-être et sororité ».

  • Vous avez pour projet de mettre en place de nombreuses formations à l’attention des femmes, pouvez-vous nous en dire plus ?

Ikambere poursuit actuellement un processus de changement d’échelle pour amplifier son impact auprès des femmes vulnérables.

D’ici 2025, l’association souhaite essaimer son projet « Igikali » dans les Hauts-de-France, la région de France métropolitaine avec le taux de pauvreté le plus élevé (18 %). A Lille, chef-lieu de la région et première ville où Ikambere s’implantera, le taux de pauvreté atteint 25 %. C’est également la région métropolitaine la plus touchée par l’obésité et le diabète ; à Lille, 26 % de la population vit en situation d’obésité, et 6 % avec un diabète.

Par ailleurs, après la réussite de son outil de sensibilisation « Réponses pour elles » et de l’offre de formation qui lui est associée, Ikambere développe en 2023 deux nouveaux outils et offres de formation. Le premier cible les hommes migrants les plus exposés aux risques en santé sexuelle, et le deuxième vise à accroître le pouvoir d’agir des populations défavorisées en matière de nutrition.  

  • Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

Les femmes accompagnées par Ikambere cumulent de nombreuses fragilités sociales et de santé qui alourdissent leur quotidien et qui freinent leur insertion sociale et professionnelle.

En plus de leur(s) maladie(s), elles sont pour la plupart très isolées et vivent dans la précarité : en arrivant à Ikambere pour la première fois, 70% d’entre elles vivent dans des lieux précaires (chez un tiers, hébergement d’urgence, sans domicile fixe) et 60% sont sans ressources.

A cause des urgences liées au quotidien précaire, elles ne priorisent pas leur santé. Elles ont aussi une faible conscience des risques liés aux enjeux de santé. Cela se traduit par l’adoption de comportements néfastes (sédentarité, malbouffe, exposition aux IST, etc.) et un risque élevé de renoncement aux soins.

De plus, la majorité des femmes accueillies subissent des violences (sexuelles, économiques, physiques, etc.). Ces expériences les traumatisent, menant aux troubles de stress, de dépression et d’estime de soi. Afin de se reconstruire, elles ont besoin d’un espace sécurisant, où elles se sentent écoutées, comprises et soutenues par leurs paires et par une équipe professionnelle.

Dans ce contexte, Ikambere rassemble en un même lieu un accompagnement pluridisciplinaire et centré sur la personne, qui vise à améliorer les conditions de vie, le bien-être et l’adhésion thérapeutique de femmes vulnérables vivant avec une maladie chronique.


Si vous aussi vous voulez agir, passez à l’action aux côtés d'Ikambere ! Pour cela, vous pouvez :