Habitat Cité : l’accompagnement des personnes exilées en Île-de-France.


DAPAT a interviewé Habitat Cité, une association qui lutte contre la précarité.

Présentation de l'association

Habitat Cité

Localisation : Île-de-France

Catégorie : Accompagnement de personnes exilées

Date de création : 2003

Site internet : Habitat Cité

Habitat-Cité est une association créée en 2003 qui lutte contre le mal-logement et l'exclusion des personnes en situation de précarité. En Haïti et au Salvador, elle développe des projets d'amélioration de l'habitat à travers la construction, la réhabilitation et la formation des professionnel.les du bâtiment aux techniques de construction locales améliorées, ainsi que des projets de préservation et régénération de l'environnement et de lutte contre les inégalités de genre. En Ile-de-France, l'association accompagne des demandeur.ses d'asile, réfugié.es politique, sans papiers, migrant.es économiques vivant à la rue et en habitat informel (squats, bidonvilles) dans leurs démarches d'accès aux droits (asile, droit au séjour, hébergement - logement, santé, scolarisation, etc.), d'insertion professionnelle et d'apprentissage du français. Les projets de l'association bénéficient à près de 2500 personnes par an en France et dans le monde.

3 questions à Habitat Cité

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

Habitat-Cité a été créée en 2003 par des jeunes professionnels dans le domaine de l’urbanisme, la géographie, l’architecture, les migrations dans l’objectif de lutter contre le mal-logement et l’exclusion des personnes en situation de vulnérabilité. Dès son origine, Habitat-Cité avait à cœur de mener en parallèle des projets à l’international et en France. A l’international, Habitat-Cité a développé des projets au Nicaragua, un certain nombre de fondateurs ayant des liens avec l’Amérique du sud et centrale. Pendant 15 années, elle a travaillé en partenariat avec la Casa de la Mujer à Granada au Nicaragua et a été sensibilisée à la situation des femmes, cheffes de familles monoparentales vivant en bidonville. Au même moment, Habitat-Cité développait des actions en Ile-de-France à destination des demandeurs d’asile, des réfugiés et des populations roms roumaines vivant en bidonville et squat. La situation particulière des femmes migrantes n’a été prise en compte qu’il y a quelques années. La création d’un groupe transversal Genre en 2020 a permis de croiser les regards et pratiques entre les salariés de la solidarité internationale et de la solidarité en France.

  •  Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Habitat-Cité intervient en Haïti et au Salvador avec ses partenaires locaux auprès d’environ 1400 bénéficiaires par an sur les questions d’amélioration de l’habitat avec la construction, la réhabilitation de logement et la formation d’artisan-e-s aux techniques de construction locales améliorées, de gestion des risques et désastres, de préservation et régénération de l’environnement, de gouvernance, de participation citoyenne, de lutte contre les inégalités de genre. La prise en compte des inégalités de genre est devenue centrale ces dernières années pour Habitat-Cité et ses partenaires qui intègrent de plus en plus cette thématique de manière transversale dans toutes les actions. L’expérience d’un diagnostic participatif de genre en Haïti préparé par Habitat-Cité en 2021 et mis en œuvre avec l’appui de deux consultants haïtiens en juillet 2022 a permis d’identifier les principales problématiques rencontrées par les femmes, les jeunes filles et les enfants dans la zone d’intervention. De nouvelles activités seront définies prochainement avec le partenaire local et les habitant-e-s afin de répondre aux enjeux identifiés : violences faites aux femmes et aux filles, répartition du pouvoir au sein des couples, etc. Le travail et les réflexions abordées en Haïti nourrissent des échanges entre Habitat-Cité et ses partenaires locaux et internationaux.

En Ile-de-France, Habitat-Cité met en œuvre des projets d’accès aux droits (asile, droit au séjour, hébergement-logement, santé, scolarisation, etc.), d’insertion professionnelle et d’apprentissage du français en direction de demandeur.euses d’asile, réfugié.es politiques et migrant.es économiques. Plus de 1000 personnes par an sont bénéficiaires des projets. L’association accompagne en particulier les femmes migrantes vivant en squat sur ces questions mais également sur les violences faites aux femmes, qu’elles soient intrafamiliales ou plus largement au sein de la communauté, et sur la traite humaine. Elle souhaite pouvoir accompagner davantage de femmes vivant en habitat informel dans le dépôt de plainte et les sensibiliser à l’importance de cette démarche, car très souvent les femmes ne veulent pas porter plainte notamment pour se consacrer exclusivement à leurs démarches d’accès au séjour et à l’hébergement. L’association souhaite également développer une brigade mobile de psychologues polyglottes pour proposer des consultations in situ dans les lieux de vie des femmes ou en cabinet. Elle envisage enfin de proposer in situ des ateliers de discussion sur les questions de santé sexuelle et reproductive, santé maternelle et infantile, parentalité, droits, etc. destinés à des groupes non-mixtes qui seraient animés par des psychologues polyglottes.

Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

Les associations régionales et nationales de lutte contre les violences faites aux femmes ne proposent pas toujours un suivi adapté aux femmes migrantes vivant en habitat informel. Elles connaissent moins bien le droit d’asile, ne disposent pas d’interprètes dans les langues parlées par les femmes et, parfois, les délais avant d’obtenir un rendez-vous avec un juriste spécialisé sont trop longs pour répondre à la situation d’urgence et de grande précarité. Concernant les questions juridiques, peu d’avocats acceptent de prendre les demandes de divorce et les ordonnances de protection à l’aide juridictionnelle. Or, dans une démarche de régularisation, un dépôt de plainte n’est pas suffisant pour obtenir un titre de séjour, la préfecture exigeant une ordonnance de protection. Il est nécessaire de pouvoir protéger toutes les femmes des violences, même si elles n’ont pas d’autorisation légale de séjour. Vivre en squat est dangereux pour les femmes, notamment les grands squats de plusieurs centaines de personnes tenus par des familles qui s’intronisent « chefs ». Les femmes qui y vivent sont souvent soumises à des violences et agressions sexuelles, des extorsions d’argent et de la traite. Pour briser ces réseaux, il serait nécessaire que les personnes en demande d’asile soient toutes hébergées dans un établissement institutionnel.


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  • Faire un don financier à Habitat Cité. Pour cela, RDV sur la page HelloAsso de l'association.