G-xiste, aider les femmes SDF souffrant d’addictions à se reconstruire.


DAPAT a interviewé G-Xiste, une association qui aide les femmes sans domicile fixe souffrant d'addiction à se reconstruire. Photo (c) Armandine Penna.

Présentation de l'association

G-Xiste

Localisation : Nantes (44)

Catégorie : Hébergement et accompagnement de femmes souffrant d'addictions

Date de création : 2018

Site internet : G-Xiste

Le dispositif G-Xiste vise à améliorer la prise en charge des situations d’incurie des femmes sans domicile, souffrant d’addictions et parfois de problèmes de santé mentale, par une prise en charge globale (hébergement / accompagnement pluri-sectoriel : éducatif, social, psycho- corporel, pair-aidance). Née de l’ambition d’un petit collectif d’usagers de drogues et de professionnels de l’éducation spécialisée, la maison de La Rivière a ouvert en mars 2020, lorsque le confinement touchait encore plus durement les femmes à la rue. Depuis, elle accueille, 24h sur 24 et 365 jours par an, ces femmes en grands difficultés, avec leur animal de compagnie, pour des séjours de transition vers une meilleure situation globale, de logement, d’insertion de santé, de parentalité. Chiffres clés : 28 mois d’activité / 14 femmes et 8 animaux accueillis / 8 femmes sur 10 ont accédé à un logement à l’issue de leurs séjours.

Photos (c) Armandine Penna.

3 questions à G-Xiste

  • Quelle est l’histoire de la genèse de votre association et les motivations derrière sa création ?

L'association G-xiste émane d'un collectif d'usagers (7 hommes et femmes ayant eu des difficultés d’addictions et de logement) et de professionnels (2 éducateurs spécialisés femme et homme de 13 et 30 ans d'expérience auprès du public en addictions). Sa création, en mai 2018, est motivée par le désir de créer, ensemble, un dispositif le plus pertinent possible pour le public croisant ces difficultés et ne trouvant pas de place adaptée à leurs besoins. Ce collectif s'est tout d’abord appuyé sur les retours d'expériences de ses membres pour identifier les besoins et réfléchir aux aspects du projet à mettre en œuvre pour y répondre.

Dans un deuxième temps, les membres de l'association ont rencontré de nombreux partenaires accompagnant le public visé (dans les différents champs du social, du logement, des addictions, de la santé mentale, de la justice) pour répondre à une enquête. Le besoin de ce type de solution, non mixte, est apparu crucial pour ces femmes ; et il est apparu crucial, pour les prendre en compte dans leur globalité, de les accueillir avec leurs animaux de compagnie lorsqu’elles en ont un :

« Avant d’arriver à l’association, j’ai vécu à la rue un bon moment avec mes 2 chiens. Pour une femme seule de moins de 25 ans, avec des animaux et des difficultés personnelles, il est très difficile de trouver un hébergement. »

Ainsi nous avons dessiné un dispositif innovant et adapté aux femmes en grandes difficultés par le cumul des problématiques d'addictions, de justice, d'errance.

  •  Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Depuis son ouverture en mars 2020, la mise en œuvre du projet s’affirme (14 femmes et 8 animaux accueillis à ce jour ; 2 emplois salariés créés). Les deux premières années de fonctionnement nous ont permis d’identifier des pistes d’améliorations et de développement : organiser des séances de découverte et de soins psycho-corporels à la maison, permettre la continuité de l’accompagnement à celles qui le souhaitent pour que chacune puisse progresser vers l’autonomie à son rythme. Ainsi, l’association prévoit d’obtenir un appartement supplémentaire en intermédiation locative pour la sortie progressive des femmes en début d’autonomie.

  • Quelques mots sur les détresses spécifiques aux femmes et la nécessité d’agir pour elles ?

Les femmes que nous accueillons sont majeures, souffrent des problématiques d'errance, d'addictions, d’isolement ; en cumulent donc les conséquences sur leur santé, mentale et physique, sur leur situation sociale, d’insertion et de logement.

Vivant à la rue, dans un hébergement précaire d'urgence ou de soins, en situation d’expulsion ou sortant d’un centre de détention, elles ont toutes une situation administrative délabrée, jusqu’à n’avoir aucune ressource financière légale, aucun papier à jour, aucun droit ouvert. Leur santé est précaire : au-delà des problématiques d’addictions (le plus souvent poly-consommations : alcool, drogues illicites, détournement de médicaments), la santé physique et mentale est souvent touchée (dents, peau, angoisses, dépressions, troubles psychiques). Certaines de ces femmes ont des enfants, avec lesquels les liens sont le plus souvent dégradés, rompus ou médiatisés. Elles sont souvent isolées et victimes de violences, au passé et au présent. Elles sont souvent dépassées par les modalités actuelles de communication et d’inscription et ne maîtrisent souvent pas du tout les outils informatiques et numériques. Elles ont parfois un animal de compagnie, qui représente non seulement un soutien essentiel (affectif, de protection et de motivation dans la vie quotidienne) mais aussi un frein dans les démarches et notamment dans l'accès à l'hébergement et au logement.

Pour autant, ces femmes ont le désir de changement, d’accès à l’inclusion dans notre société, de progression vers l’autonomie. Mais la tâche est lourde, et elles ont besoin d’encouragement, d’écoute, de considération. Elles ont besoin de retrouver de la sécurité dans un logement où elles ont leur intimité ; elles ont aussi besoin d'être accompagnées dans l’élaboration de leurs projets et dans leurs réalisation.

Ces femmes nous sont orientées par des partenaires (du soin, de l’hébergement, de l’accompagnement social, de la justice...) qui sont témoins de la complexité de telles situations et du manque de solutions pour elles.

Pour ces femmes et pour qu’elles retrouvent leurs pouvoir d’agir sur leurs propres parcours, pour leurs parents et leurs enfants, il est nécessaire de proposer un fonctionnement alternatif, complémentaire aux dispositifs existants.


Si vous aussi vous voulez agir, passez à l’action aux côtés de G-Xiste ! Pour cela, vous pouvez :

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