REVUE DE PRESSE – “Les femmes SDF se cachent pour survivre”, Street Press.


« La vie dans la rue est plus difficile pour les femmes. » Avec le confinement, l’espace public se vide et les femmes à la rue sont encore plus vulnérables. Selon la Fondation Abbe Pierre, la France compterait actuellement 300.000 sans domicile fixe. Difficile d’estimer le nombre de femmes.

Ces invisibles traînent par exemple dans les gares. Fondues dans la foule, elles attendent un train qu’elles ne prendront jamais. Mais avec le Covid, le couvre-feu, les confinements, les halls sont bien vides. Et donc incapables de protéger ces femmes. Alors elles ont fini par les déserter, elles aussi. Et les associations ne savent pas vraiment pour aller où.

« Je suis contente quand on me parle comme à quelqu’un de normal. ». L’équipe de Street Presse est allée notamment à la rencontre de Sonia dans le 12 ème arrondissement de Paris. Elle était mariée et s’est enfuie de son domicile il y a huit ans. « Il me tapait. » Une fois sa petite fille laissée à ses parents, elle a commencé sa vie dans la rue. Pudique, elle préfère parler des lieux qu’elle affectionne et de ses amis, plutôt que des galères, de ses blessures, de son foie en vrac à cause des flashs d’alcool qu’elle siffle, ou de ses agressions. « Ceux qui disent connaître la rue, c’est faux. Moi, je la connais la rue. Et il y en a des tarés dans la rue. » Elle raconte ses combines, les endroits où elle est le plus en sécurité pour dormir. Le « gentil monsieur » qui lui ouvre la grille de métro le soir, pour qu’elle dorme à l’abri derrière. Ou les commerçants « trop sympas », qui lui offrent toujours le café et un croissant le matin. « Moi mon truc, c’est la tchatche. Alors je m’en sors. »

La fin d’après-midi est là et Sonia grelotte. C’était pourtant une belle journée ensoleillée, sourit-elle. Elle espère bientôt trouver une place en hôtel social. Elle ajoute, sûrement avant de filer se trouver un endroit pour la nuit. « Moi j’aime bien discuter. Si vous voulez revenir, moi, je suis là. Je ne bouge pas.».

Article publié sur Street Press, rédigé par Inès Belgacem, photos de Nnoman Cadoret.