“La « Maison régionale des femmes », ouverte fin novembre 2020, accueille déjà 95 femmes à la rue. D'autres structures émergent. Une urgence sociale qui empire avec l'épidémie.Les femmes SDF sont certes moins visibles que les hommes. Et pourtant, en France, elles représentent 40 % des sans-abri d'après une enquête de l'Insee datant de 2013.
« Le Covid et son impact social augmentent la précarité et le nombre de personnes susceptibles d'être à la rue » alerte Elina Dumont, auteure d'un rapport « Femmes à la rue » remis au conseil régional le 16 octobre 2020. Avec pour les femmes, des risques accrues d'agression et de violence. Cette situation alarmante se traduit directement dans l'affluence que connaît la « Maison régionale des femmes », première structure du genre inaugurée le 27 novembre dans le quartier des Batignolles à Paris. À peine quelques jours plus tard, mi-décembre, le centre est quasi-plein, avec 95 lits occupés dans les 55 chambres (capacité de 100 femmes max). Y sont accueillies celles qui « vivent dans la rue, des jeunes filles sortant de l'Aide sociale à l'enfance qui se retrouvent sans domicile le jour de leur majorité mais aussi des femmes sorties de maternité ».
La création de lieux dédiés aux femmes fait partie des 29 propositions inscrites dans le rapport d'Elina Dumont. « La violence des hommes est telle dans l'univers des centres d'accueil, souvent mixtes, que beaucoup de femmes préfèrent renoncer à se voir offrir un répit au sein de ces institutions » explique-t-elle.D'autres mesures doivent répondre à cette urgence sociale : créer un « 115 des femmes », coordonner les maraudes, repérer le plus en amont possible les personnes endettées ou les femmes victimes de violence, faciliter la distribution de protections hygiéniques, favoriser les gardes d'enfants, etc.Un arsenal qui peine à se traduire sur le terrain. [...] »
Article publié sur Les Echos, rédigé par Marion Kindermans.