“Ouverte en 2018, grâce au travail des bénévoles de l'association ADSF Agir pour la santé des femmes, La Cité des dames accueille les femmes sans-abri dans la capitale.
Alia démêle de longues mèches violettes avant de les passer à Inès, qui tresse les cheveux de Milla, assise en tailleur devant elle. Inès se dépêche, elle ne veut pas que Milla, à huit mois de grossesse, reste trop longtemps pliée. Elles sont complices sans se connaître. Elles sont complices dans leur solitude. L'ennui, cet autre visage de la misère. "Je coiffe ces femmes que je ne connais pas, parce que si je reste là, sans rien faire, je pense trop à ma situation", explique Inès.Le temps de l'écoute, prévu par la Cité des Dames, ce centre d'accueil pour femmes sans-abri ouvert au 41 rue du Chevaleret dans le 13e arrondissement, est aussi précieux pour elles que l'accès aux douches.
Les trois femmes sans domicile fixe racontent à l'unisson le froid, la faim, et la peur de la rue, ce terrain des harceleurs. "J'ai peur de demander de l'argent à un homme, parce que certains, lorsqu'ils acceptent d'en donner, réclament une faveur en échange. Ils profitent des femmes vulnérables. Et nous, on est obligées d'accepter, on n'a pas d'autre choix", confie Alia, d'une voix calme, alors qu'elle aurait toutes les raisons du monde de s'emporter. [...]”.
Article publié sur Marie Claire, rédigé par Juliette Hochberg.