- Pouvez-vous vous présenter ?
Sensible depuis très jeune aux injustices que subissent les personnes les plus vulnérables, je me suis rapprochée en 1979 du Secours Populaire français de ma ville à Béthune (Pas-de-Calais) en collectant des dons financiers permettant de faire parvenir la solidarité aux victimes de la répression de Pinochet au Chili. Très vite, mon engagement bénévole s’est porté en faveur des enfants afin qu’ils puissent partir en vacances. J’ai pu ainsi vivre concrètement le bienfait des départs en vacances qui se traduisait directement sur la réussite scolaire des enfants à partir du témoignage des enseignants. En 1983, le Secours Populaire me proposait de devenir membre du Secrétariat national afin de préparer l’année internationale des jeunes deux ans après, puis en 1991, de développer la solidarité internationale sur tous les continents.
Sur tous ces champs, le constat rejoint celui du Fonds de dotation DAPAT : ce sont les femmes et les enfants qui sont toujours les premières victimes des drames de la vie, des conflits, des catastrophes. Au cours de ces années, j’ai rencontré au Secours populaire français des femmes et des hommes extraordinaires de tous milieux, de toutes origines qui m’ont enrichi de leurs expériences, de leurs combats, de leur audace, de leurs convictions pour un monde plus humain. Danièle et Patrick, fondateurs de DAPAT en font partie car ils sont porteurs des valeurs que je partage.
- Pourquoi avez-vous accepté d'être membre du jury des Prix DAPAT ?
J’ai tout de suite accepté d’être membre du Jury pour y apporter mon expérience, à la fois du côté des personnes aidées, tout comme du côté des associations.
J’ai particulièrement à cœur de soutenir des actions durables, reproductibles, qui impliquent les personnes aidées, tout en étant à leur écoute et qui mobilisent divers acteurs locaux, qu’ils soient publics et/ou privés.
Les Prix DAPAT visent à sensibiliser sur les situations de pauvreté et de précarité vécues par des millions de femmes en France, mais aussi à montrer qu’elles sont avant tout des « battantes pour la vie, pour la dignité ». Selon l’OCDE : il faut 6 générations en France pour sortir de la pauvreté. Il est temps d’agir pour ne pas laisser une partie de l’humanité sur le bord de la route et faire reculer la féminisation de la pauvreté. Ne pas pouvoir partir en vacances avec ses enfants, ne pas accéder à la culture, ne pas pouvoir offrir de cadeaux à ses proches, ni acheter des couches pour le bébé, ou encore s’endetter pour payer ses factures, sont autant de privations qui amènent à s’isoler dans la honte. La pauvreté et la précarité sont en elles-mêmes des violences faites aux femmes.
- Quels impacts espérez-vous que le Prix DAPAT puisse avoir pour les projets soutenus et leurs bénéficiaires ?
Les prix rendent visibles les « femmes sans voix, sans logement, sans vacances, sans espoir, etc. » au travers les associations qui les représentent. Ils révèlent les talents, les compétences, les savoirs faire de ces mêmes femmes qui sont en précarité et en grande précarité. Ce sont aussi des prix qui encouragent à l’engagement, à l’action concrète, au bénévolat au sein de la vie associative, pour l’intérêt général.
Le nombre de projets reçus témoigne de la vitalité associative, riche d’innovations en phase avec les réalités vécues. C’est un encouragement à poursuivre et à inviter d’autres à y prendre part, individuellement ou collectivement. Même si la solidarité ne règle pas tout, elle est irremplaçable pour celle et celui qui la reçoit. Les Prix DAPAT sont un bel encouragement à ne pas se résigner. Ils sont porteurs du sens que l’on donne à l’humanité et pour la jeune génération.